Je reproduis ici cet article publié en 2011 sur mon blog "L'espace haïtien". Toujours d'actualité!
Ce document est le résultat d'une numérisation de : « La chance qui passe ». Le texte n'est pas signé mais il est de notoriété qu'il a été produit par Georges Anglade pour l'« Opération Lavalas » à la veille des élections générales haïtiennes de décembre 1990.
Ce document est le résultat d'une numérisation de : « La chance qui passe ». Le texte n'est pas signé mais il est de notoriété qu'il a été produit par Georges Anglade pour l'« Opération Lavalas » à la veille des élections générales haïtiennes de décembre 1990.
Après
cinq ans d'une transition difficile depuis la chute de la dictature
duvaliériste, le peuple haïtien se préparait à se rendre aux urnes. Des
groupes politiques inscrits pour participer aux élections, le Front
National pour le Changement et la Démocratie (FNCD) avait la faveur de
la majorité. Il était appuyé par un mouvement qui se développait dès
1986 sous la dénomination LAVALAS. Jean Dominique eut plus tard à
qualifier ce mouvement de « nébuleuse », tant il n'avait pas de
direction. Le FNCD tout comme LAVALAS avaient en mémoire le massacre
perpétré par des paramilitaires néo-duvaliéristes lors des élections
ratées du 29 novembre 1987, ils faisaient face aussi à une opposition
violente de l'extrême droite et des duvaliéristes. Le mouvement adopta
une stratégie pour d'un côté s'attirer la faveur des masses et de
l'autre celle de l'intelligentsia.
Pour
s'attirer la faveur populaire, le FNCD éjecta Victor Benoit comme
candidat à la présidence en le remplaçant par le prêtre Jean-Bertrand
Aristide.
Pour
l'intelligentsia, le mouvement réputé sans programme fit appel à George
Anglade pour lui doter d'un manifeste. Ce fut fait avec brio. Il ne
s'agit pas d'un texte accessible au grand public mais tel n'était pas le
but. « La chance qui passe », manifeste politique, devait être la
fondation d'un programme politique opérationnel détaillé ayant pour
titre « La chance à prendre ».
La
sortie du texte, lors d'une conférence de presse en novembre 1990 à
l'hôtel Montana eut un impact considérable. Aucune autre formation
politique ne pouvait présenter une vision de la société aussi bien
campée, aussi pointue théoriquement et, à la fois, aussi proche des
revendications populaires : La jonction du politique et du scientifique.
Une grande partie des élites intellectuelles et de la classe moyenne
s'identifièrent au mouvement, le manifeste y a été pour quelque chose :
c'était le signal que la matière grise était la bienvenue puisqu'il n'y a
rien de plus pratique qu'une bonne théorie !
Malheureusement,
« La chance qui passe », dans son contenu, a été vite mis de côté par
la faction populiste du mouvement. Même « La chance à prendre »
(d'ailleurs jamais présentée comme telle) n'a été qu'un amalgame
incohérent de programmes sectoriels sans direction politique.
Malheureusement
aussi, « La chance qui passe », est, à peu de choses près, d'une
étonnante actualité. Par exemple, combien de nos planificateurs et de
nos spécialistes de l'espace géographique ont pris en compte dans leurs
travaux le concept de bourgs-jardins ?