samedi 28 janvier 2012

Les modèles de localisation des activités économiques

Voici le document sur "Les modèles de localisation des activités économiques" de monsieur Amor BELHEDI. Le professeur BELHEDI de l'Université de Tunis a aimablement mis ce texte à votre disposition.

La lecture de ce document est obligatoire. Il sera considéré comme le document de base en ce qui concerne les modèles de localisation.

jeudi 19 janvier 2012

4- Attraction urbaine: William Reilly


Un acteur économique se trouvant à un endroit donné subi l'influence des villes ou autres lieux centraux. Il est attiré par ces pôles.

Le modèle d'attraction urbaine de William Reilly permet d'évaluer la force d'attraction des centres urbains dans l'espace géographique. Il permet aussi d'aborder la problématique des systèmes urbains.



 
Comme il est dit dans la présentation, l'exposant dans la loi de Reilly dépend du système urbain. L'exposant rend compte de la difficulté de déplacements. Plus les déplacements sont difficiles, plus l'exposant est élevé.

Si dans le temps les déplacement sont rendus plus fluides, l'exposant diminue. cela augmente la capacité d'attraction relative des grandes villes (et leur aire d'influence). Cela signifie que le développement des réseaux de communication (réseau routier, maritime, télécommunications) favorise le développement des plus grandes villes.

3- Localisation industrielle: Alfred Weber

 Localisation industrielle 

Le choix de localisation d'une industrie est influencé par de nombreux facteurs. Nous allons en aborder quelques uns.

 Les coûts de transport 

La vidéo suivante présente le principe de base du modèle de localisation industrielle de  Alfred Weber en ce qui concerne les coûts de transport.


En résumé, l'industrie cherche à minimiser les frais de transport:
  • La source d'une matière première coûteuse à transporter attire l'industrie.
  • La place de marché d'un produit fini coûteux à transporter attire l'industrie.

 Les économies et déséconomies 

À retenir trois autres facteurs importants dans le développement des industries et leur localisation:
    • Les économies internes, principalement liées à la taille, l'échelle de l'entreprise compte tenu de la technologie mais aussi à l'organisation de l'entreprise et aux talents et savoir faire mis à contribution. Il y a une taille optimale (rendements croissants et décroissants); au-delà de cette taille, il y a dés-économie d'échelle.
    • Les économies externes de localisation qui viennent de la concentration d'entreprises de même type ou complémentaires. Elles viennent en grande partie du partage de ressources nécessaires à ce type d'industrie (pôles de compétitivité ou clusters).
    • Les économies externes d'urbanisation qui viennent de la masse urbaine où les industries et les ressources sont regroupées. Mais ce regroupement crée des frictions qui sont des dés-économies.
En plus de la question du coût de transport de la matière première et du produit fini, ces trois facteurs sont essentiels, particulièrement pour les décisions de localisation en milieu rural.
  • Les économies internes sont liées à la dimension de l’entreprise et
  • Les économies externes sont liées à son environnement.

Économies / déséconomies internes

Pour simplifier, la production d’un bien implique des coûts fixes et des coûts variables. L’administration, les frais de location d’un local ne varient pas, que l’on produise une seule unité ou 10 unités. Par contre, le coût de la matière première est liée à la quantité produite.
Supposons qu’une petite unité de production de chaises métalliques capable de produire 25 chaises par jour pour une journée normale de 8 heures. Il y a possibilité de produire également la nuit pour doubler la période de production.
Les coûts de production comportent :
  1. des frais de 800 gourdes par jour pour le loyer et l’administration
  2. 500 gourdes pour l’achat de matières premières pour chaque chaise
  3. 200 gourdes de main d’œuvre pour chaque chaise. Cependant, le travail de nuit coûte le double, soit 400 gourdes par chaise.
Les coûts fixes sont donc de 800 gourdes. Les coûts variables sont de 700 gourdes par unité pour les 25 premières chaises et de 900 gourdes pour les 25 chaises additionnelles.

Économies d’échelle

Le coût de production de la première chaise est de 800 + 700 = 1 500 gourdes.
Le coût de production de 2 chaises est de 800 + 1 400 = 2 200 gourdes, soit 1 100 gourdes par chaise.
Le coût de production de 25 chaises est de 800 + (700 *25) = 18 300 gourdes, soit 732 gourdes par chaise en moyenne. Le coût moyen de production diminue avec la quantité. C’est ce qu’on appelle économie d’échelle.

Déséconomies d'échelle

Que se passe t-il si le propriétaire décide de produire durant la nuit ? Hé bien, pour chaque chaise supplémentaire il devra dépenser 900 gourdes. Le coût moyen de production de 26 chaises est de 18 300 + 900 = 19 200 gourdes, soit 19 200 / 26 = 738 gourdes. Donc, à partir de la 26e chaise, le coût moyen augmente ; il y a déséconomie d’échelle. 
 

Taille optimale

En résumé, il y a économie d’échelle jusqu’à 25 chaises et déséconomie pour augmenter la production de 26 à 50 chaises. De la même manière, admettant qu’une chaise se vende 800 gourdes, les profits de la journée augmentent avec la production, jusqu’à 25 chaises, puis diminuent. La dimension optimale de l’entreprise est donc de 25 chaises par jour. Mais il faut bien comprendre que cette dimension dépend de la technologie mise à contribution. Par exemple, une unité artisanale n’a pas la même dimension optimale qu’une unité industrielle.
Les décisions de production qui conduisent aux économies d'échelle ont rapport à l'entreprise elle-même. C'est pourquoi on parle d'économies (et de déséconomies) internes.
 

Économies externes

Une entreprise peut aussi bénéficier d'économies qui ne dépendent pas d'elle et pour lesquelles elle ne paie pas en principe.

Économies de localisation

Lorsque la production globale d'une industrie augmente, cela permet de réduire ses coûts de production. Par exemple, une plus forte demande globale pour un intrant peut réduire son coût. L'avantage ainsi obtenu ne dépend pas de l'entreprise individuelle qui en bénéficie. Cet avantage est souvent lié à une concentration géographique d'activités similaires ou complémentaires. Par exemple, la concentration de plusieurs petites unités de transformation de produits agricoles peut réduire le coût d'utilisation d'expertise de contrôle de qualité. Un autre exemple est la présence d'un verger au voisinage d'un rucher. Le producteur de miel bénéficie des arbres fruitiers qui permettent de nourrir ses abeilles.
Dans une conception plus large, les services écosystémiques rendus par un exploitant agroforestier de montagne en amont permet une économie externe de localisation pour un producteur de céréales (ou industriel) en aval. En effet, l'agroforesterie  dans les bassins versants des plaines permet de minimiser les risques d'inondation (et de destruction des infrastructures); elle permet aussi une plus grande disponibilité de l'eau en saison sèche. C'est pourquoi un paiement pour services écosystémiques des exploitants en aval des plaines peut contribuer à maintenir un équilibre écologique.
Ce sont les économies de localisation qui justifient les politiques de support aux pôles de compétitivité ou aux clusters. L'État encourage la concentration géographique d'industries similaires ainsi que d'industries complémentaires (recherche-développement, formation de cadres et d'ouvriers spécialisés, production d'intrants...). Cela permet à ces pôles d'augmenter leurs performances techniques et de diminuer leurs coûts. Ces industries deviennent alors plus compétitives.
Cette concentration peut aussi aboutir à des déséconomies. L'engorgement de villes portuaires est un exemple de déséconomie de localisation.

Économies d'urbanisation

Enfin, certaines économies externes viennent de la concentration géographique d'activités économiques quelconques. Les facilités de communication, la présence de services de toute sorte et de personnel qualifié, la concentration d'un grand nombre de consommateurs, tout cela bénéficie à l'entreprise installée dans une zone urbaine consistante. C'est à cause de ces économies d'agglomération que les industries ont tendance à s'établir en ville. 
Mais les concentrations urbaines ne sont pas sans inconvénients. Les embouteillages, la pollution atmosphérique, le bruit sont des facteurs qui peuvent induire une baisse de productivité. Voilà des déséconomies d'urbanisation.

 Le développement technologique 


Dans les industries de haute technologie, le facteur coût de transport perd de l’importance au profit d’autres facteurs tels la disponibilité de ressources humaines pour les activités de recherche-développement, l’accès aux réseaux de télécommunication, les coûts de production (salaires).

D’une façon générale, le progrès dans le domaine des transports qui réduit leurs coûts, ainsi que développement des technologies de l’information et de la communication permettent une diffusion plus grande des activités industrielles. Ainsi, l’espace rural, particulièrement au voisinage des villes, peut constituer un choix de localisation industriel à cause des déséconomies d’agglomération et des salaires plus bas mais aussi de l’attrait du paysage. Le développement des industries agro-alimentaires peut dans ce sens initier la genèse de pôles ruraux qui peuvent attirer par la suite d’autres activités industrielles.



Documents à consulter:
BELHEDI, Amor : "Les modèles de localisation des activités économiques"

GAIGNÉ, Carl; GOFFETTE-NAGOT, Florence : Localisation rurale des activités industrielles. Que nous enseigne l’économie géographique ?

GAIGNÉ, Carl: Économie géographique et localisation industrielle rurale versus urbaine. 


Pour aller plus loin:
Traduction anglaise de l'ouvrage de Weber:
FRIEDRICH, Carl Joachim (Traducteur): Alfred Weber's Theory Of The Location of Industries.
 

   Application des théories au Sud d'Haïti 

Les documents suivants concernent le PSDH (Plan Stratégique de Développement d'Haïti) pour le Département du Sud. Examinez la place réservée au secteur secondaire et à la localisation des activités industrielles, Ce sera discuté en classe.


Document 1: PSDH/ Pays Emergent en 2030/ Les grands chantiers pour le relevement et le developpement d'Haiti/ Projet Sud
Au chapitre du "Grand chantier de la refondation économique", quel discours dans le document à propos du développement industriel?

Document 2: Proposition Stratégique Régionale de Développement de la Péninsule Sud
a) Il semble évident que l'agriculture et le tourisme soient retenus comme secteurs prioritaires, moteurs. Quelle stratégie industrielle est prévue?
b) Les théories de localisation industrielle ont-elles été considérées dans la conception de la "stratégie"? Les question de coûts de transport, d'économies d'échelle, de localisation et d'agglomération ainsi que les dés-économies ont-elles été prises en compte?
c) En prélude à l'étude du développement polarisé, disons que si une activité est retenue comme un pôle économique, c'est qu'elle a un effet d'entraînement. Quel effet d'entraînement du tourisme par exemple est pris en compte dans la "stratégie régionale"?

Document 3: Projets Bancables de Développement Etudes de Préfaisabilité/ La Péninsule Sud
Mêmes questions que pour le document 2. N'oubliez pas que là (projets bancables), c'est un peu plus concret qu'une proposition stratégique.